À propos du film «Malaria Business» et de sa couverture médiatique

Introduction

Le documentaire «Malaria Business», réalisé par Bernard Crutzen, avec l’appui de France Télévision et de la RTBF, est sorti en 2017. Il a reçu beaucoup d’éloges et a été largement diffusé. Il est question de la malaria, une maladie qui tue des centaines de milliers de personnes par année, et d’un remède, ou plutôt de 2 remèdes, aussi simples et bon-marchés que redoutablement efficaces : de simples tisanes. Mais les milieux scientifiques comme les autorités de santé feraient de la résistance, privilégiant le business de la pharma aux dépends de la santé des populations affectées.

J’ai consacré un peu de temps à ce documentaire et mes conclusions sont claires : c’est de la pure désinformation. Et je suis très étonné que tant de professionnels de l’information aient soutenu ce film sans se donner la peine d’en vérifier l’aspect factuel.

Je précise qu’il ne s’agit pas pour moi de dénigrer les recherches sérieuses sur telle ou telle plante ou de nier toute légitimité aux connaissances issues des médecines traditionnelles. D’abord, je ne suis pas compétent. Ensuite, c’est un fait que les recherches sur l’utilisation de l’Artemisia annua dans la médecine traditionnelle chinoise ont abouti à la mise au point des traitements recommandés aujourd’hui contre la malaria. Et qui sait s’il n’y aura pas d’autres applications médicales à partir de cette plante, ou d’autres espèces de plantes du même genre ? Mais ces considérations ne justifient en rien la désinformation sur un sujet de santé publique aussi grave, ni la diffusion de récits complotistes.

Le présent document est signé «Grompf», mon pseudo sur Twitter. On pourrait me reprocher cette forme d’anonymat. Ma réponse serait assez simple : le lecteur peut vérifier le contenu de ce texte et les références. S’il s’avère que j’ai menti, déformé des propos, sorti des éléments de leur contexte ou que je me suis livré à tout autre type de manipulation, mon propos sera discrédité et avec lui mon pseudo et la réputation de mon compte Twitter. Je ne demande pas à être cru sur parole. Au contraire, j’apprécierais beaucoup que le lecteur prenne du temps pour fouiller l’info et pour s’assurer de la véracité de ce que je raconte ici.

De «Ceci n’est pas un complot» à «Malaria Business» : covid et malaria, même combat ?

Je dois commencer par aborder un autre documentaire du même réalisateur, plus récent, «Ceci n’est pas un complot», pour bien expliquer ce qui m’a amené à m’intéresser à «Malaria Business» et parce que ça me semble révélateur d’une certaine méthode de travail et d’un certain rapport à l’information.

Je suis passionné de longue date par les questions de fausses informations et de complotisme. Avant de m’intéresser à «Malaria Business», j’avais donc découvert le film «Ceci n’est pas un complot», de Bernard Crutzen, film qui était présenté comme une enquête sur la couverture médiatique de la crise du Covid. Certains amateurs sur les réseaux sociaux et certains journalistes avaient relevé divers problèmes.

Le film fonctionne essentiellement par une accumulation de petites touches de désinformation : des petites contre-vérités sur des aspects qui semblent mineurs, des sous-entendus, des propos savamment découpés pour mieux en déformer le sens, etc. Généralement, on n’y profère pas explicitement de grosses thèses complotistes, mais l’accumulation de petits mensonges fait que certaines de ces grosses thèses complotistes finissent par être la seule conclusion possible. Il y a cependant quelques manipulations franchement grossières.

J’avais commencé à mon tour à me livrer à une série de «débunks». J’avais été frappé par une sorte de contraste entre, d’un côté, une apparence très sérieuse, très pro, et, d’un autre côté, une absence de rigueur, et même d’honnêteté, digne des pires sites de réinformation. J’ai partagé mes trouvailles sur mon compte Twitter, comme ici, par exemple :

Je me suis aussi penché sur la communication du journaliste/réalisateur autour du film et ce que j’ai découvert était du même tonneau : beaucoup de petits et gros mensonges et de manipulations diverses :

Certains de mes fils Twitter ont été transformés en articles pour un blog (Je n’en suis pas l’initiateur, bien qu’une bonne partie du contenu provienne de mon activité sur Twitter). Par exemple :

« On va tout de suite vous dire que vous êtes complotiste ! »

La deuxième vague en Belgique : «J’étais au montage»

La 1ère vague en Lombardie : seule une minorité doit-être imputée au seul Covid ?

Alors qu’il avait initialement bien insisté sur la notion d’enquête, remerciant notamment les participants du crowfunding de leur générosité qui lui permettait d’engager des enquêteurs, le réalisateur a après coup complètement renoncé à ce terme d’enquête. Il est allé jusqu’à expliquer que le travail d’investigation n’était pas son point fort, s’étonnant qu’on l’attaque sur des aspects factuels, comme je le racontais dans cet article de blog : « Un film documentaire ? Une enquête? Une fiction?« 

Je le cite :

«En fait, j’ai remarqué que les médias m’attaquaient surtout sur des questions, je dirais, plutôt factuelles, et je prendrais un journaliste vraiment dont c’est le métier, d’aller tout vérifier au niveau des informations. Moi, je suis plutôt un réalisateur de documentaires et j’ai une approche un peu plus imagée, je vais dire. Donc, j’aime bien faire des films qui sont agréables à regarder, donc je mets beaucoup d’attention sur le fait que la musique soit chouette, que ce soit joli à regarder, qu’on soit entraîné. En fait, je prends en gros, je chemine un peu avec les spectateurs, je les prends avec moi, parce que je crois que je suis quelqu’un d’assez « lambda ». Enfin je veux dire que je ressemble aux gens que je fréquente et donc ils s’identifient peut-être à moi et donc dans les questions que je me pose. Mais je ne suis pas un journaliste pointu, je n’ai pas les moyens d’aller fouiller, etc.

Et donc voilà, si je devais faire une suite ou refaire le film, je prendrai un ou deux journalistes d’investigation, vraiment des gens qui vont creuser les dossiers pour ne pas dire des bêtises. Parce que j’ai été attaqué sur quelques faiblesses, on va dire, du film.»

En faisant mes «débunks» j’ai par ailleurs remarqué que de nombreuses manipulations que je repérais correspondaient à des récits ayant au préalable circulé sur les réseaux sociaux et les sites complotistes. Visiblement, une partie importante du film était constitué d’intox récupérées sur Facebook, Twitter ou autres, mises en images de manière «pro» et parfois un peu «édulcorées», comme pour les rendre plus présentables pour le grand public.

Sur Twitter, quelques personnes m’ont interpellé au sujet de «Malaria Business», me disant que ce film, pourtant porté aux nues, ne valait pas mieux que «Ceci n’est pas un complot». J’avais par ailleurs constaté que ce film était cité en référence dans certains milieux complotistes comme une preuve des manigances de Big Pharma et de Bill Gates et de la soumission de l’OMS, des autorités de santé et du monde de la recherche à ces intérêts occultes.

J’ai donc fini par m’y intéresser.

À la sortie du film : pluie d’éloges et de récompenses

Nous parlons d’un documentaire sorti en 2017, co-produit par le service public belge et soutenu par le service public français. Le plus simple est sans doute de parcourir ce que les médias et les professionnels du milieu en avait dit à l’époque. Je ne prétends pas avoir mis la main sur tous les articles et les commentaires publiés, mais de ce que j’ai vu, il n’y avait que des éloges. «Enquête accablante», «documentaire poignant», «remarquable documentaire», etc.

Je n’ai trouvé AUCUN commentaire critique dans des grands médias, ni RIEN qui ressemble à un travail de vérification des faits.

Après avoir reçu le financement de la RTBF et de France Télévision, avoir été projeté sur des grandes chaînes, avoir été couvert d’éloges, le film a reçu divers prix. Il a par ailleurs fait l’objet de toutes sortes de projections dans divers cadres, dont l’Assemblée Nationale française.

Le film était présent sur le site, Lumni jusqu’à ce 1er septembre 2022. Lumni, une plateforme sensée mettre à disposition du contenu pédagogique provenant de France-Télévision et d’autres acteurs du service public français, à destination des étudiants et des enseignants. Il vient donc d’être retiré.

 

2 versions

Il existe 2 versions de ce film, une longue et une courte. Je me suis basé ici sur la version longue (durée : 1h10 environ), que l’on trouve facilement sur Odyssee et même sur Youtube.

C’est cette version qui avait été diffusée sur la RTBF notamment. On la trouvait sur la plateforme Lumni, citée plus haut.

La version courte est celle que l’on trouve sur le site de France24.

Thèses du film : un remède susceptible d’éradiquer facilement la malaria… s’il n’y avait pas le business des pharmas !

Le film retrace l’histoire de la malaria et de la découverte des propriétés antipaludéennes d’une plante originaire d’Asie, l’Artémisia annua, dont on a tiré un principe actif, l’Artémisinine utilisée pour produire des médicaments.

Les traitements préconisés aujourd’hui par l’OMS sont composés d’Artémisinine (ou de molécules dérivées) et d’un autre antipaludique. Mais, selon le film, une simple tisane d’Artémisia annua serait bien plus efficace que tous les traitements médicamenteux préconisés. Mieux, une tisane d’Artémisia afra, une plante présente en Afrique, aurait les mêmes vertus, bien qu’elle ne contienne pas d’Artémisinine. Ces tisanes seraient par ailleurs non seulement des traitements curatifs, mais aussi préventifs.

Mais l’OMS, les autorités sanitaires et le monde académique ne voudraient pas entendre parler de ces traitements alternatifs. L’accès à ces traitements seraient entravés. Et il y aurait des manœuvres pour faire taire ceux qui veulent en démontrer les vertus. Derrière cette opposition il y aurait la mainmise de Bill Gates sur l’OMS et le lobbying des géants de la pharma.

Selon le film, un essai clinique aurait démontré l’extrême efficacité de ces tisanes. 5 des co-auteurs de cet essai figurent parmi les principaux protagonistes du film, dont certains sont liés à l’association La Maison de l’Artémisia. Le premier auteur de l’étude raconte qu’il a subi toutes sortes de mesures de rétorsions suite à son travail de recherche.

Lorsque les oppositions rencontrées par ces remèdes auront été levées, la malaria sera probablement éradiquée. Lucile Cornet-Vernet, une des principale protagonistes du film l’explique clairement :

«Mon rêve, en fait, dans cette histoire c’est que chaque famille africaine puisse avoir un plan d’Artemisia afra, qui est donc vivace, c’est un buisson. Et ils se coupent de l’Artemisia pour faire de la tisane un jour sur deux. Et ils auront pas le palu. Et ça sera terminé cette histoire. »

Le film se conclut par :

«Si la tisane d’Artemisia s’avère être l’ultime remède contre la malaria, on se demandera sans doute pourquoi tout ce temps perdu, toutes ces victimes, tout ce business.»

Questions préliminaires

Sans même fouiller de manière approfondie, on peut se poser quelques questions d’entrée de jeu.

Une conspiration planétaire ?

Adoptons la thèse proposée et poussons le raisonnement jusqu’au bout.

Nous avons donc une maladie qui tue 500’000 personnes par an et qui provoque des séquelles graves chez des centaines de milliers d’autres malades. Et nous avons un remède hyper simple, hyper bon-marché, hyper efficace (bien plus que les traitements médicamenteux préconisés par les autorités de santé, l’OMS et la grande majorité des chercheurs). Mais ce remède, les populations qui en auraient besoin en sont privées pour des raisons de business.

C’est une conspiration horrible. Et une conspiration gigantesque au vu des complicités qu’elle implique, dans le monde entier : OMS, politiques, chercheurs, etc, partout à travers le monde. Et dans tous les pays touchés par la malaria (et ça ne concerne pas que l’Afrique subsaharienne) les autorités se soumettraient à cette conspiration, aux dépends de leur population.

D’entrée de jeu, nous avons affaire là à une conspiration plus vaste, me semble-t-il, que tout ce qui est mentionné dans les livres d’Histoire.

Est-ce que nous sommes sûrs que, pour soutenir une telle thèse, il y a eu au préalable une enquête sérieuse ?

Une simple tisane permettrait d’éradiquer une maladie grave… en Afrique

Est-ce que chez nous, en Europe, nous avons beaucoup d’exemples de maladies graves qui auraient été éradiquées par une simple tisane, à base d’une plante poussant comme une mauvaise herbe ? Est-ce ainsi que nous avons contenu, voire parfois éradiqué, certaines maladies qui faisaient autrefois des ravages dans nos pays ? La diphtérie ? La tuberculose ? La variole ? La polio ?

Mais là-bas, en Afrique, il y aurait une maladie très grave qu’une simple tisane pourrait éradiquer. Cela semble pour le moins extraordinaire.

Là encore, s’est-on assuré qu’il y a une enquête sérieuse derrière cette thèse ?

La Chine, berceau de ce remède si efficace, a-t-elle tout misé sur cette tisane ?

Ce n’est que tout récemment (après la sortie du film d’ailleurs) que la Chine a achevé d’éradiquer la malaria sur son sol. C’est un peu étrange que le pays qui aurait découvert depuis des siècles l’effet quasi miraculeux de cette simple tisane ne se soit pas débarrassé plus tôt de la malaria.

Sans doute quelque chose nous échappe-t-il…

Mais on peut supposer que les autorités chinoises ont bien mis en avant ce remède issu de leur médecine traditionnelle. Une simple recherche devrait montrer que la Chine a dû tout miser sur ce remède si simple et si efficace pour parvenir, finalement, à éradiquer la malaria.

Est-ce que quelqu’un s’est livré à cette simple recherche ?

Et les pays qui ont éradiqué la Malaria ? Ont-ils recouru à ces tisanes ?

Il y a la Chine. Mais il y a d’autres pays qui ont éradiqué la Malaria ou qui l’ont fait fortement reculer.

S’est-on intéressé à ce qu’il s’est passé dans ces pays ? Les fameuses tisanes ont elles joué un rôle ?

Suite au film : les tisanes d’Artemisia, vedettes des médias…

Non seulement le film lui-même a été couvert d’éloges, mais une partie des protagonistes du film ont été par la suite accueillis à bras ouverts dans de nombreux médias où ils ont pu étaler leurs thèses sur l’efficacité quasi miraculeuses de ces tisanes (Artemisia annua et Artemisia afra), sans réelle contradiction.

Deux de ces protagonistes ont été ainsi particulièrement à l’honneur :

  1. Jérôme Munyangi, chercheur congolais, 1er auteur de 2 études sur les tisanes d’Artémisia dont je parlerai plus loin
  2. Lucile Cornet-Vernet, co-autrice de ces 2 études et fondatrice de la Maison de l’Artémisia (une association promouvant les vertus thérapeutiques de ces tisanes)

La plus part des contenus que j’ai vus accréditent sans réels questionnements les thèses diffusées par la Maison de l’Artemisia et par le film :

Il y a certains articles qui posent certaines questions et qui se donnent la peine de faire connaître la position des autorités de santé, de la majorité du monde scientifique et de l’OMS. Mais ces articles ne me semblent vraiment pas majoritaires.

«Malaria Business» et la crise du Covid : l’Artémisia, un remède anti-covid ?

Le Covid est arrivé. Et on a lu et entendu une multitude de récits de remèdes sensés siffler la fin de partie pour ce nouveau virus. Et l’Artemisia a été abondamment citée dans ce contexte.

On a beaucoup parlé des propos du président malgache qui avait annoncé, de manière tonitruante, la mise au point d’un remède à base d’Artemisia, présenté même comme une alternative au vaccin. Le gouvernement malgache a ainsi repoussé son adhésion au programme international d’acquisitions de vaccins, préférant miser dans un premier temps sur ce «remède local».

Ce serait un euphémisme que de dire que ce «remède local» n’a pas tenu ses promesses. On trouvera facilement des articles évoquant cette question, l’absence de preuves d’efficacité du soit-disant remède qui contrastait avec les déclarations péremptoires du président, les discours ambigus, voire hostiles, sur la vaccination. Les beaux discours sur le remède local, n’ont visiblement pas impressionné le virus et, à certains moments, les hôpitaux débordaient. On a aussi beaucoup parlé du calcul politique derrière ces prises de position, de la rhétorique panafricaine, etc.

Mais on semble avoir rapidement oublié le rôle des Occidentaux dans cette affaire. Je cite cette interview de la fondatrice de la Maison de l’Artémisia, Lucile Cornet Vernet, en avril 2020 :

Q : C’est en voyant vos recherches que le président malgache a pris sa décision. Comment avez-vous procédé ?

R : On a écrit à tous les ministres de la Santé, à tous les présidents dont on avait les coordonnées. Certains nous ont rappelés, comme Madagascar, en disant : Oui ça nous intéresse, comment peut-on faire ? On a donné la bibliographie à leurs instituts de recherche comme l’IMRA (Institut malgache de recherche appliquée). Après, ce qu’ils en font, et comment ils le font, je n’ai aucune main là-dessus. On est simplement pourvoyeurs d’informations et de documents, sachant que peu de personnes travaillent sur cette question car il n’y a pas d’argent à se faire. Cette Artemisia est un bien commun ! Qui peut pousser n’importe où. Personne n’aura de retour sur investissement.

En juillet 2020, Lucile Cornet-Vernet était l’invitée de la chaîne «L’Info en Question» (avec Ema Krusi, Jean-Jacques Crèvecœur et Tal Schaller). Et elle y présentait l’efficacité des tisanes d’Artemisia annua face au Covid19.

Et il y a un détail que je n’ai trouvé dans aucun média. Lorsque le président malgache avait annoncé, en avril 2020, la mise au point du fameux remède anti-covid, il avait utilisé des extrait du film Malaria Business.

Le réalisateur avait alors affiché sa fierté sur son profil Facebook :

https://www.facebook.com/100008109853962/videos/2569285696685067/

!! Dans son allocution officielle à la TV malgache, le Président de la République diffuse un extrait de Malaria Business !

Le Président est fier que son pays ait développé un traitement bio pour traiter le coronavirus, le « Covid-Organics », basé sur l’Artemisia. Pour étayer son propos, il utilise un extrait de mon docu (version France 24) On sait que la plante est un « booster » d’immunité, et on rapporte des résultats positifs. De là à y voir un remède miracle… En tous cas, Madagascar veut s’affranchir des diktats de l’OMS.»

En juin 2020, le réalisateur est interviewé par la RTBF et il évoque son film, «Malaria Business» et la crise du covid :

 » Malaria Business  » dans Regard Sur : rencontre avec le réalisateur Bernard Crutzen

Malaria Business, tourné en 2017, est malheureusement encore d’une actualité brûlante. J’aurais préféré que l’Organisation Mondiale de la Santé mette à profit les trois années écoulées pour réformer son mode de fonctionnement. Mais selon moi, la crise du Covid 19 montre à quel point l’organisation est encore soumise à l’influence des lobbys pharmaceutiques quand il s’agit de définir des priorités de santé publique mondiale. L’OMS fait confiance à l’industrie pharmaceutique pour développer rapidement un vaccin, considéré comme la solution ultime pour se débarrasser du coronavirus. Mais comme je l’ai révélé dans Malaria Business, trente années de recherche n’ont pas permis de mettre au point un vaccin efficace contre la malaria, qui tue chaque année autant que le Covid19. Toujours aucun vaccin disponible non plus contre le VIH apparu en 1984, ni pour le SRAS (2002). Pourquoi l’OMS n’encourage-t-elle pas aussi les traitements simples, bon marché ou naturels ?

(…)

Là aussi, la crise du Covid a boosté ce remède naturel, même si je suis prudent par rapport à son efficacité contre le coronavirus. Elle ne peut en tous cas pas faire de tort, contrairement à la peur.

Passablement de médias européens se sont donc montrés dubitatifs face aux déclarations du président malgache sur son «remède local». Mais le rôle joué par un documentaire co-produit par les services publics belge et français et largement promu depuis l’Europe ne semble avoir intéressé personne…

Remarquons encore que dans le documentaire «Ceci n’est pas un complot», Bernard Crutzen cite l’Artémisia annua parmi les alternatives au vaccin injustement dénigrées par les pouvoirs publics et les médias.

De son côté, Jérôme Munyangi s’est lui aussi lancé dans la confection de remèdes anti-covid à base d’Artémisia et il semble avoir aussi joué un rôle dans la confection du fameux remède malgache.

Aux dernières nouvelles, Jérôme Munyangi bénéficie d’une certaine notoriété dans les milieux complotistes français. On l’a vu dernièrement dans une vidéo du Conseil Scientifique Indépendant et une autre vidéo de Jérémie Mercier (une personnalité assez connue pour ses théories complotistes sur le covid notamment). Son profil Twitter, outre les tweets à la gloire du remède anti-covid de sa fabrication, est rempli des messages circulant habituellement dans les milieux complotistes : théories antivax, alignement sur les positions de Poutine au sujet de l’Ukraine, soutien à Christian Perronne, etc. :

Éléments historiques : de la pure falsification

Commençons à nous attaquer au contenu.

L’aspect historique peut sembler secondaire mais il n’en est rien. Le film soutient par exemple que la tisane d’Artemisia annua aurait démontré dans le passé une efficacité spectaculaire. Si cela est vrai, on peut en conclure que cette efficacité spectaculaire devrait sauter aux yeux de quiconque s’intéresserait encore aujourd’hui à la question. Or il s’avère que TOUTE la partie historique du film relève de la FALSIFICATION. Il n’y a quasiment rien de vrai. Là, je ne parle pas de sous-entendus insidieux ou de petites déformations. Je parle de récit MENSONGER.

Je n’affirme cependant pas que le réalisateur Bernard Crutzen ait lui-même tout inventé. Je n’ai pas pris le temps de fouiller dans tous les blogs et tous les profils de réseaux sociaux faisant la promotion de ces tisanes. Et je ne sais donc pas si ces récits circulaient déjà avant que Bernard Crutzen ne fasse son film.

Histoire, la version du film : une potion magique

Selon le film, lors de la Guerre du Vietnam, les Américains recourraient à la chloroquine pour lutter contre la malaria. Les Nord-Vietnamiens, démunis, se sont alors tournés vers la Chine. La Chine connaissait depuis des siècles les vertus antipaludiques de l’Artemisia annua et en aurait envoyé des tonnes aux Nord-Vietnamiens. Cette tisane aurait fait l’effet d’une «potion magique» et aurait contribué à la victoire des hommes de Hô Chi Minh.

Malgré ce résultat spectaculaire, les Occidentaux ne se seraient pas intéressés à ce remède.

Par la suite, les chercheurs chinois, dans le cadre d’un projet visant à extraire les principes actifs de leurs remèdes traditionnels, le Projet 523, seraient parvenus à identifier un principe actif, l’Artémisinine et auraient cru qu’il s’agissait du seul principe actif contre la malaria. Ils en ont tiré un médicament. Cette découverte vaudra le Prix Nobel au Dr Tou Youyou.

Les Occidentaux ne se seraient intéressés à ce médicament que tardivement, suite aux résistances développées par le parasite contre la chloroquine.

Dans la communication qui a accompagné le film, le réalisateur a ajouté un élément. Au départ, il aurait été observé que «dans les régions de Chine où les gens consomment cette plante, il n’y a pas de malaria alors que tous les éléments pour la propagation de la maladie sont réunis». C’est ce qu’il racontait sur la plateau de TV5 Monde et dans une interview à Moustique Magazine : « La  » potion magique  » contre la malaria. »

Histoire, après vérification.

En résumé, si on vérifie, RIEN ne corrobore le récit du film (et de ce que que le réalisateur raconte dans ses interviews). En revanche ce que l’on trouve contredit TOTALEMENT ce récit.

Les régions de Chine où la malaria serait absente en raison de l’usage séculaire de la plante ? Aucune trace. Vous trouverez des récits de régions de Chine où la malaria était présente et où l’Artémisia annua était considérée comme un remède, comme d’autres remèdes traditionnels. Non, il n’y avait pas une évidence d’une efficacité quasi miraculeuse de cette plante en Chine.

Oui, la malaria était un gros problème pour les Nord-Vietnamiens pendant la guerre. Et aussi pour les Américains. La chloroquine était un remède connu, répandu. Ce n’était pas un secret détenu par les Américains. Mais il se trouve que dans le courant des années 60, la résistance du parasite face à la chloroquine s’est répandue au Vietnam. Ce qui a causé des problèmes aux 2 camps. Et chacun a cherché des solutions.

Les Nord-Vietnamiens ont demandé alors l’aide de la Chine (c’est quasiment le seul élément véridique dans toute cette partie du film), ce qui a motivé Mao Zedong à lancer le Projet 523, d’autant plus que la malaria sévissait aussi dans certaines zones de Chine. Le Projet 523, militaire et secret (c’est important de le souligner), n’avait donc pas pour but d’extraire des principes actifs des remèdes traditionnels. C’était un projet centré sur la malaria et le but était de trouver des remèdes pour combattre cette maladie. Les Chinois ont travaillé sur des molécules de synthèse mais aussi sur des remèdes traditionnels. Des centaines de remèdes traditionnels ont été étudiés au départ.

Remarquons que si aujourd’hui on nous parle volontiers de ce qui a mis les chercheurs chinois sur la piste de l’Artémisia annua, on ne nous parle guère des centaines d’autres pistes de travail qui les ont alors mobilisés, sans aboutir au moindre résultat. Des centaines de pistes de travail, basées sur des traditions. L’Artémisia annua n’était qu’une de ces pistes de travail. Après un premier tri, il est resté environ 200 remèdes naturels, donnant lieu à un peu plus de 300 extraits différents à étudier.

En travaillant sur des rongeurs, les chercheurs chinois ont constaté une certaine efficacité de l’Artemisia annua. Mais cette efficacité leur semblait inconstante. Une des responsables, la Dr Tu Youyou, futur Prix Nobel, après avoir consulté un vieux traité de médecine traditionnelle chinoise, a eu l’idée de tenter de procéder à des extraits à froid, avec divers solvants. Et les résultats se sont grandement améliorés.

J’insiste : ce sont les chercheurs chinois qui, travaillant sur la plante à la fin des années 60 et au début des années 70, inspirés par un vieux traité de médecine, ont conclut qu’il valait mieux éviter d’utiliser l’eau chaude. Non seulement on ne nous parle pas d’une tisane qui aurait fait l’effet d’une potion magique, mais, au contraire, le coup de génie de ces chercheurs chinois aura été de renoncer à utiliser la plante sous forme de tisane.

L’équipe de la Dr Tu Youyou a donc travaillé sur des procédés d’extraction à froid pour trouver un remède efficace. Et leurs essais ont été encourageants. Les extraits ainsi obtenus semblaient efficaces. Au final les Chinois finiront par repérer une molécule, l’Artémisinine. Et c’est de cette molécule qu’un premier médicament sera tiré.

Et les combattants de la Guerre du Vietnam que sont-ils devenus pendant tout ce temps ? Les scientifiques chinois ont fourni entre-temps à leurs alliés nord-vietnamiens des cocktails de médicaments pour remplacer la chloroquine. AUCUNE trace de ces fameuses livraisons de tisane… Et les militaires américains, qui ont cherché des alternatives à la chloroquine de leur côté, n’ont donc pas découvert cette tisane digne d’une potion magique pendant la guerre.

Et je rappelle : le Projet 523 était un projet de recherche militaire et secret. Les Chinois se sont bien gardés de communiquer sur l’avancement de leurs recherches pendant des années. Les premières publications chinoises au sujet des propriétés antipaludiques des extraits d’Artemisia annua datent de la fin des années 70.

Et pendant ce temps, la résistance à la chloroquine qui avait causé tant de soucis aux combattants dans le cadre de la Guerre du Vietnam a continué à se répandre à travers le monde. Les médicaments à base d’Artémisinine (ou plutôt de dérivés de cette molécule) ont commencé à jouer un rôle central. Mais on ne recommande pas leur usage seul. Les traitements standards préconisés le plus fréquemment combinent une molécule dérivée de l’Artémisinine avec une autre molécule aux propriétés antipaludéennes. On parle de «Artemisinin-based combination therapy» ou «ACT».

Au vu de l’importance des médicaments dérivés de l’Artemisia annua, et du prix Nobel accordé à Tu Youyou, on trouve passablement de documents sur cette page de l’histoire de la médecine et des sciences, comme par exemple cet article en anglais (extrait traduit avec DeepL) :

Le groupe était composé de chercheurs en phytochimie, qui étudiaient les composés chimiques présents naturellement dans les plantes, et de chercheurs en pharmacologie, qui se concentraient sur la science des médicaments. Ils ont commencé par dresser une liste de plus de 2 000 préparations à base de plantes chinoises, dont 640 étaient susceptibles d’avoir une activité antipaludique. Ils ont travaillé sans relâche et ont obtenu plus de 380 extraits de quelque 200 herbes chinoises, qu’ils ont ensuite évalués contre un modèle murin de paludisme.

Parmi les plus de 380 extraits qu’ils avaient obtenus, un extrait de qinghao (Artemisia annua L.) semblait prometteur, mais de façon irrégulière. Face à des résultats variables, Tu et son équipe sont retournés à la littérature materia medica existante et ont réexaminé chaque cas où le qinghao apparaissait dans une recette traditionnelle.

Tu a été attiré par une référence particulière faite par Ge Hong 葛洪

(284-363) dans son texte du quatrième siècle avant Jésus-Christ, «Prescriptions d’urgence à conserver dans sa manche». Ge Hong prescrivait : «prendre un bouquet de qing hao et deux sheng [2 x 0,2 litre] d’eau pour le faire tremper, l’essorer pour obtenir le jus, et l’ingérer dans son intégralité.»

Dans ce que l’on peut qualifier de moment eurêka, Tu a eu l’idée que « le chauffage impliqué dans l’étape d’extraction conventionnelle que nous avions utilisée pourrait avoir détruit les composants actifs, et que l’extraction à une température plus basse pourrait être nécessaire pour préserver l’activité antipaludique ». Son intuition s’est avérée exacte ; une fois qu’ils sont passés à une procédure à plus basse température, Tu et son équipe ont obtenu une activité antipaludique bien meilleure et plus constante avec le qinghao. En 1971, ils ont obtenu un extrait neutre et non toxique, appelé qinghaosu ou artémisinine. Il était efficace à 100 % contre les parasites du paludisme dans les modèles animaux.

J’en mets ici quelques autres lien. Libre au lecteur d’en chercher d’autres et, surtout, de comparer avec ce que raconte cette soit-disant «enquête» :

Le DDT : un insecticide bon marché et efficace interdit sans raisons valables ?

Au début du film, il y a un petit passage sur l’histoire du DDT et de son interdiction :

On nous explique que les pays industrialisés ont éradiqué la malaria grâce au recours massif à un insecticide bon marché et efficace : le DDT. Mais pour d’obscures raisons, alors que le DDT n’aurait montré aucune toxicité sur l’être humain, ce produit aurait été interdit. Ce serait une affaire de business :

«Les industriels de la chimie vont en profiter pour proposer d’autres insecticides, plus chers. Autour de la malaria, le business commence.»

L’enquête «oublie» deux «détails».

D’abord, le DDT a eu des conséquences sur l’environnement.

Pour la santé humaine, nous en sommes aux suspicions. Et il y en a des suspicions sérieuses (considéré comme cancérigène probable, suspecté de provoquer des maladies neurodégénératives…).

Mais dans la nature, ce n’est pas une affaire de soupçon : il n’y a plus de doute depuis longtemps. Ce produit s’accumule dans le milieu ambiant, et ses concentrations augmentent au fur et à mesure que l’on remonte la chaîne alimentaire. Des décennies après son interdiction, on en trouve encore des traces. Et l’interdiction vient de là.

Certains, sans nier l’existence de tout problème, prétendent que les milieux écologistes se sont montrés trop alarmistes, trop catastrophistes au sujet du DDT. Je ne peux pas prétendre trancher ce débat ici. Mais ne pas évoquer cet aspect environnemental, l’élément central qui a motivé son interdiction, me semble pour le moins malhonnête.

Deuxième «détail» «oublié» : l’interdiction n’est pas absolue. Il y a de sérieuses réserves, mais il existe une marge pour utiliser cet insecticide, notamment dans la lutte contre le paludisme. Parler d’interdiction de cet insecticide dans ce contexte précis relève donc du mensonge.

En «oubliant» ces «détails», on fait passer le message de la solution simple, bon marché et efficace, dont les autorités priveraient les populations sans raison valable, juste pour du business.

Les moustiquaires imprégnées : un remède pire que le mal qui causerait des explosions de cas ?

Les moustiquaires imprégnées sont une des bases des programmes de lutte contre la malaria. Pourtant, le film nous dit que ces moustiquaires imprégnées seraient à l’origine de recrudescences de la malaria.

Pierre Lutgen (un des principaux protagonistes du film) déclare :

«Depuis qu’on met vraiment en place des moustiquaires, il y a une épidémie qui se déclare de nouveau»

Son argument : au Burundi il y aurait eu une campagne de distribution de moustiquaires et, plus tard, il y aurait eu une explosion de cas de malaria.

La thèse est audacieuse. Pourquoi pas. Mais il faudrait des arguments solides. Nous parlons d’un des piliers de la lutte contre la malaria.

Par ailleurs, le consensus scientifique semble très clair. Et il l’était déjà à l’époque du film. Les moustiquaires imprégnées sont considérées comme efficaces et jouent un rôle important dans la lutte contre la malaria. Je cite ici une méta-étude, basée sur des essais tous antérieurs à la sortie du film, et qui nous donne une bonne idée de l’état des connaissances :

Cochrane : « Moustiquaires imprégnées d’insecticide pour la prévention du paludisme »

Et quel argument nous donne le film pour contrer cela ? Il y aurait eu une explosion de cas dans 1 pays après 1 campagne de distribution.

Il est facile de faire une recherche et de constater que les campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées sont fréquentes à travers toute l’Afrique Sub-saharienne. Si on accepte la logique de causalité proposée par le film, on pourrait facilement trouver des exemples «démontrant» que la distribution de moustiquaires imprégnées cause des inondations, des coups d’État, des défaites en football ou des tremblements de terre.

Et pour l’exemple donné du Burundi, il est étonnant que l’on ne songe pas à l’impact des troubles politiques et des violences, ayant entraîné des déplacements de population et une désorganisation des services de base. Ni à l’impact de phénomènes climatiques inhabituels. Non. Ce sont forcément les moustiquaires.

Un spécialiste des insectes, le Pr Marc Coosemans, est lui aussi interviewé. De la façon dont ses propos sont présentés dans le film, on pourrait croire qu’il soutient la thèse du film :

Il suffit pourtant de consulter ses propos habituels sur le sujet pour comprendre qu’il n’en est rien. Non, ces moustiquaires ne sont pas une recette magique et oui, il y a des défis à surmonter. Mais ce chercheur a clairement soutenu l’efficacité de cette mesure. Cependant, en le filmant alors qu’il évoque ces défis à surmonter et en insérant le tout d’une manière bien précise, on donne l’illusion au spectateur que ce chercheur dit quasiment l’inverse de ce qu’il soutient d’habitude :

Nous ne parlons pas ici d’une querelle académique abstraite. Se rend-on compte de l’impact potentiel d’un tel propos, accusant les moustiquaires imprégnées d’aggraver le problème ? Et nous parlons ici d’un film portant le logo de grandes chaînes publiques, abondamment diffusé et projeté dans toutes sortes de contextes (notamment des projets sensées avoir une visée humanitaire en Afrique).

Une plante interdite ?

Au début du film, l’Artemisia annua nous est présentée comme une plante interdite : «Elle est d’ailleurs interdite en France et en Belgique»

Elle serait dangereuse pour «ceux qui font de la malaria un business».

Plus loin dans le film une pharmacienne française interviewée explique que l’Artemisia annua est une plante «très efficace, mais interdite en France, (…) interdite par le gouvernement, par le Codex Alimentarius, par l’OMS, par plein de gens qui travaillent en pool avec les laboratoires pharmaceutiques et avec l’Ordre Mondial aujourd’hui.»

Ensuite, on interviewe un herboriste, français lui aussi, qui explique que la législation ne l’autorise pas à disposer de cette plante.

Et pour la Belgique, on explique que la plante figure dans un arrêté royal, répertoriant les plantes dangereuses qu’il est interdit de vendre ou consommer.

Mais, «curieusement», elle est autorisée au Luxembourg.

Commençons par les affirmations de la pharmacienne.

Le Codex Alimentarius, j’ai essayé de comprendre où est-ce qu’il interdisait cette plante et je n’ai rien trouvé. C’est un ensemble de normes alimentaires au niveau international. Outre le fait que je n’y ait pas trouvé cette fameuse interdiction, j’ai un peu de peine à imaginer qu’un tel texte international puisse prévoir l’interdiction d’une plante en Belgique et en France et pas au Luxembourg : « À propos du Codex Alimentarius »(Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation).

Et l’«Ordre Mondial» ? Je ne suis pas bien sûr de comprendre qui est cet «Ordre Mondial». Je trouve dommage que l’auteur de l’enquête n’ait pas jugé utile de demander de préciser qui sont ces «gens qui travaillent en pool avec les laboratoires pharmaceutiques et avec l’Ordre Mondial», et qui auraient le pouvoir d’interdire ou d’autoriser ce qui est vendu ou pas en France (mas pas au Luxembourg ?).

Quant à l’OMS, j’ai une vague idée de ce que c’est et je n’ai pas connaissance qu’elle ait le pouvoir de décréter de telles interdictions dans un pays souverain. Mais, en revanche, l’OMS ne recommande pas les traitements à base de tisane d’Artemisia comme traitement antipaludéen.

En Suisse, et j’ai vérifié : la plante est vendue librement. Avec une recherche rapide, j’ai trouvé ça, par exemple :

Ou encore ça :

Mais donc la plante est interdite en France et en Belgique, sous la pression de l’Ordre Mondial ?

En Belgique, son nom figure effectivement parmi une longue liste de plantes ne pouvant être utilisées dans des préparations destinées à la consommation humaine. J’avoue que je ne sais pas quels sont les critères qui font qu’une plante soit incluse ou pas dans cette catégorie. Mais dans les faits cela n’empêche pas sa vente. Vous trouverez facilement des commerces ayant pignon sur rue et qui la vendent en jouant sur les mots, comme dans cet exemple :

«Utilisées en cataplasmes, l’armoise annuelle est indiquée contre la migraine et la fièvre.

C’est également un excellent vermifuge associé aux plantes comme l’ail, la tanaisie, absinthe, armoise commune, le thym, la sarriette…. Le cataplasme doit alors être placé encore chaud sur le ventre les soirs de pleine Lune.»

En cataplasmes, donc… J’imagine que les Belges qui se font des tisanes de leurs cataplasmes ne doivent pas être rares.

Quant à la France, vous n’aurez aucun problème à trouver des commerces vendant de l’Artemisia annua le plus légalement du monde. Il y a eu des décisions de l’autorité de surveillance contre des entreprises vendant des préparations d’Artemisia annua présentées comme des médicaments, avec des mentions du type «traitement antipaludéen (…) sans aucun effet secondaire». Je ne suis pas spécialiste des législations françaises en matière d’herboristerie et de préparations médicamenteuses. Je ne vais donc pas me risquer à donner un cours sur les règles qui s’appliquent aux pharmacies et celles qui s’appliquent aux herboristeries. Mais vous pouvez vérifiez et vous trouverez sans peine de l’Artémisia en vente libre.

Je cite un article de l’AFP (qui parlait des effets anti-Covid attribués à l’Artemisia, mais qui contient des explications simples sur ce qui nous intéresse ici), et je vous invite à consulter les liens proposés dans l’article en question :

«Ce naturopathe affirme que l’artemisia est une « plante interdite » en France et en Belgique. La plante, sous sa forme non transformée, est disponible à la vente sur plusieurs sites français et belges. En revanche, elle figure en Belgique dans la liste des « plantes dangereuses qui ne peuvent être utilisées en tant que ou dans les denrées alimentaires ». En France, des produits à base d’artemisia vendus par deux sociétés et présentés comme des traitements contre le paludisme ont été interdits à la vente en 2015, peut-on lire sur le site de legifrance ici et ici. En mai 2020, l’ANSM mettait en garde contre la vente en ligne des produits présentés comme des solutions au Covid-19, dont l’artemisia annua.»

Et que ce soit en France ou en Belgique, on trouvera également sans peine des graines ou des plantes en pot.

Bref, ces «gens qui travaillent en pool avec les laboratoires pharmaceutiques et avec l’Ordre Mondial» et qui ont décidé d’interdire la plante ne semblent pas avoir le bras très musclé. En Belgique l’interdiction dans les préparations vendues pour la consommation humaine n’empêche pas que n’importe quel quidam puisse s’en procurer. Et en France, ce que l’on appelle ici «interdiction» se limite aux préparations vendues en tant que produit thérapeutique, tout un chacun pouvant se procurer librement de l’Artemisia pour se faire des infusions, des cataplasmes ou ce qu’il lui plaira. Et je ne reparle pas de la Suisse et du Luxembourg…

Non, décidément, il ne semble pas très redoutable, cet «Ordre Mondial».

L’efficacité démontrée de la tisane d’Artémisia ?

Les annonces d’un essai clinique aux résultats époustouflants

Nous parlons ici de 2 ESPÈCES de plantes différentes : l’Artemisia annua et l’Artemisia afra. C’est important, parce que le film parle de VARIÉTÉS d’une même plante. Or, ce ne sont pas 2 variétés différentes d’une même espèce, ce sont bien 2 espèces différentes.

Donc, non seulement la tisane d’Artemisia annua (originaire d’Asie) serait un remède souverain contre le Covid, mais aussi la tisane d’Artemisia afra (originaire d’Afrique, qui ne contient pas d’Artémisinine).

Le film comporte des témoignages de l’efficacité de ces tisanes.

Mais il est aussi fait référence à des études, notamment à une étude scientifique en bonne et due forme, basée sur un essai clinique dont les résultats avaient été époustouflants. Cette étude n’était pas encore publiée à l’époque du film. 5 des co-auteurs sont interviewés et occupent une place importante dans le récit :

  • Jérôme Munyangi, 1er auteur, déjà évoqué plus haut.
  • Lucile Cornet-Vernet, fondatrice de la Maison de l’Artémisia
  • Michel Idumbo, médecin et chercheur congolais
  • Pierre Lutgen, ex-chercheur retraité (décédé depuis)
  • Pamela Weathers, biologiste ayant publié divers articles sur le sujet

Au moment de la sortie du film, l’étude n’a pas encore été publiée, mais les récits des 5 co-auteurs ne laissent pourtant pas de trace pour le doute. Il a eu une comparaison entre 3 traitements :

  1. la tisane d’Artemisia annua (plante annuelle, contenant de l’Artemisinine)
  2. la tisane d’Artémisia afra (plante vivace originaire d’Afrique, qui ne contient pas d’Artémisinine)
  3. le traitement standard préconisé par l’OMS, dit «ACT», une combinaison d’Artémisinine et d’un autre antipaludéen

Les 2 tisanes ont obtenu des résultats très supérieurs au traitement standard. Face à un tel constat, on ne peut évidemment que s’émouvoir de l’inaction, voire de l’hostilité, des autorités sanitaires et du monde scientifique face à ces remèdes, susceptibles d’éradiquer la malaria.

On s’émeut d’autant plus que 2 des co-auteurs témoignent des pressions subies pour avoir mis en évidence cette efficacité. Michel Idumbo raconte avoir été démis de ces fonctions. Quant à Jérôme Munyangi, c’est bien pire. Il parle d’arrestation, de vol de matériel, de tentative d’empoisonnement, etc. Tout cela est très grave. Et les pharmas sont clairement montrées du doigt.

Vers la fin du film on entend :

«La publication de ces essais cliniques obligera bientôt l’OMS à revoir sa copie. Alors l’omertà cessera»

Rappel : le terme «ormetà» désigne à la base la loi du silence imposée par la mafia…

Après le film : la publication de l’étude

Ce n’est qu’après la sortie du film que l’étude sera publiée dans une revue scientifique spécialisée dans la phytothérapie, Phytomedecine, du groupe Elsevier : «Artemisia annua and Artemisia afra tea infusions vs. artesunate-amodiaquine (ASAQ) in treating Plasmodium falciparum malaria in a large scale, double blind, randomized clinical trial»

Dans la liste des auteurs, en plus des 5 personnes citées plus haut, on remarque le nom du Pr Christian Perronne.

Les mêmes auteurs publient en parallèle une autre étude, dans la même revue, mettant en évidence l’action de ces mêmes tisanes face à une autre maladie parasitaire, la bilharziose.

Les choses semblent cette fois-ci claires. Il ne s’agit plus de déclarations, mais d’une étude publiée en bonne et due forme.

Sauf que les scientifiques qui se penchent sur le sujet trouvent tout cela très bizarre. Et les commentaires aussi critiques que dubitatifs se multiplient.

Par exemple, dans cette thèse en pharmacie (« Artemisia et paludisme : une phytothérapie controversée » – Pierre Gairard), l’étude est évoquée à partir de la page 92. Le nombre de patients inclus semble varier inexplicablement selon les passages. Les résultats semblent très étranges : non seulement les tisanes démontrent une efficacité inattendue, mais le traitement standard, l’ACT, semble très peu efficace (beaucoup moins que tout ce qui était observé jusque là). Et du point de vue éthique il semble étrange que l’on ait procédé à un tel test avec de l’Artemisia afra, alors que les indices d’efficacité de cette plante étaient jusque là plutôt maigres.

L’OMS, dans un rapport intitulé «Utilisation des formes non pharmaceutiques d’Artemisia» revient aussi sur cette étude et relève aussi nombre de bizarreries :

«Les résultats de Munyangi et al. (69) pour la combinaison artésunate-amodiaquine sont en conflit avec d’autres données disponibles. Même dans les régions d’Asie du Sud-Est où la résistance au médicament est élevée, les patients ne présentent pas de parasites 14 jours après l’administration d’une CTA.» …

«De plus, l’étude de Munyangi et al. (69) a signalé que l’efficacité de la combinaison artésunate-amodiaquine était plus élevée chez les enfants (50 %) que chez les adultes (30 %). Dans les régions endémiques, l’efficacité est normalement supérieure chez les adultes qui sont probablement semi-immuns. Chez les patients traités par A. annua, il a été surprenant de trouver que seulement 3,6 % des patients présentaient des parasites le jour 28 après le traitement, compte tenu de la courte demi-vie du médicament.» …

«Il est difficile d’expliquer les résultats de Munyangi et al. (69) , mais le plan et la réalisation de leur étude a présenté un certain nombre de lacunes et d’éventuels biais. Par exemple, les informations sur les procédures de randomisation et d’attribution du traitement étaient insuffisante (…)»

Divers scientifiques ont réagi à ces accumulations d’étrangetés. Une des co-auteure, pour couper court aux critiques, a alors transmis les données complètes de l’étude.

Et tout est devenu soudainement très clair…

Une fraude scientifique évidente

Pour les chercheurs qui ont alors étudié ces données, il n’y avait plus aucune trace pour le doute :

  • Les résultats cliniques étaient falsifiés.
  • Les résultats de laboratoire étaient falsifiés.
  • La liste des patients était falsifiée.

Une fraude grossière qui concernait non seulement l’étude sur la malaria, mais aussi celle sur la bilharziose.

La revue scientifique concernée tardera à réagir, mais face au scandale finira par rétracter les 2 études :

«This article has been retracted at the request of the Editor-in-Chief. Concerns have been raised about the timely approval of the Ethics Committee for the study presented by this article, the consent of the trial participants to publish their data, as well as the reliability of the data included in the article.

The authors were not able to provide reasonable explanations and the Editor-in-Chief decided to retract the article.»

Après toute la publicité faite à ce documentaire et aux propos de la Maison de l’Artémisia, on aurait pu s’attendre à ce que ce scandale ait un certain retentissement médiatique. Il n’en a rien été. À ma connaissance, le seul média généraliste qui ait évoqué l’affaire est L’Express, dans 2 articles.

  1. «Deux études cosignées par le professeur Perronne sur la tisane d’Artemisia rétractées» :

«Le bio statisticien remarque aussi des incohérences dans les tableaux des effets indésirables. « Là c’est encore plus suspect : 175 patients ont exprimés des douleurs abdominales, 105 des pertes d’appétit, 165 des inconforts abdominaux, 200 des nausées, 30 des diarrhées, 130 des maux de tête, etc. toujours des multiples de cinq, ce qui est typique de la fabrication de données. » À la recherche d’une preuve absolue pour confirmer ses soupçons, André Gillibert demande l’accès aux bases de données qui ont servi aux auteurs pour les deux études. « À ma grande surprise, ils me les ont données et j’ai halluciné, confie-t-il. Je me suis demandé : mais comment peuvent-ils m’envoyer la preuve que leurs études sont bidonnées ? ». Dans la base de données de l’étude portant sur le paludisme, il découvre des paires de patients dont les mesures biologiques sont rigoureusement identiques. « Un peu comme si vous aviez deux personnes qui ont la même taille au centimètre près, le même poids, la même date de naissance, mais aussi le même prénom et dont les parents ont les mêmes prénoms et que ce schéma se répète pair par pair ». La base de données sur la bilharziose présente elle aussi des patients clonés, cette fois par groupe de 80 : les patients 1 à 80 sont les mêmes que les 81 à 160, etc. La liste est encore longue.»

2. « Tisane d’Artemisia : le combat de scientifiques pour faire rétracter deux études» :

«Plusieurs patients avaient exactement les mêmes caractéristiques, ce qui est parfaitement impossible. Dans la base de données de l’étude portant sur le paludisme, il s’agit de paires de patients rigoureusement identiques. Un peu comme si vous aviez deux personnes qui auraient la même taille au centimètre près, le même poids, la même date de naissance, mais aussi le même prénom et dont les parents auraient les mêmes prénoms. Un copier-coller manifeste.

J’ai relevé d’autres problèmes : les températures des patients, notées en degrés Celsius, vont de 37 à plus de 40. Mais il n’y a aucun chiffre entier, personne n’a eu 37,0 39,0 ou 40,0 de fièvre, comme si le zéro avait été oublié. La base de données sur la bilharziose présentait elle aussi des patients clonés, cette fois par groupes de 80 : les patients 1 à 80 sont les mêmes que les 81 à 160, etc. En résumé, les bases de données sont bidons ou fabriquées, en tout cas inexploitables. Lucile Cornet-Vernet m’a également transmis les autorisations des comités d’éthique pour mener des essais cliniques. Elles étaient datées de 2016 alors que les travaux ont été réalisés en 2015.»

Les faits sont accablants.

Christian Perronne, qui n’apparaît pas dans le documentaire, s’est posé en victime d’une cabale.

La cabale, c’est aussi la version donnée par le 1er auteur, Jérôme Munyangi, comme on peut l’entendre dans ces 2 vidéos :

Si l’on se donne un peu la peine de vérifier, on se rend compte que ce qu’il raconte dans ces 2 extraits ne tient tout simplement pas la route. Et ces explications n’expliquent en rien les nombreuses et choquantes anomalies relevées dans les études en question.

D’autres co-auteurs ont invoqué les conditions de travail propres à l’Afrique, le manque de moyens ou le résultat des manigances de Big Pharma (l’ordinateur du premier auteur ayant été volé, ils auraient été obligés bricoler quelque peu…).

De toutes manières leurs explications n’ont guère d’importance, vu qu’il n’y a eu quasiment aucun écho médiatique : l’immense majorité des téléspectateurs ou des lecteurs ayant entendu parler de ces études et des résultats miraculeux de ces tisanes n’ont jamais été informés de cette affaire de fraude scientifique. De là à parler d’«ormetà», il y a un pas que je ne franchirai cependant pas…

À part ces 2 articles dans L’Express, on peut mentionner quelques articles dans des revues confidentielles ou des publications dans les réseaux sociaux :

Enfin…

Non.

Il y a encore un média généraliste qui a évoqué cette rétractation. Le 31 août 2020, alors qu’on parlait beaucoup du Covid et de la chloroquine, sur le plateau du « Grand Oral », sur RMC, Christian Perronne a complètement réécrit l’histoire de cette affaire, racontant absolument n’importe quoi, sans être contredit…

Je vous renvoie aux article de L’Express et je vous laisse le soin de comparer. Il s’agissait d’un petit groupe de chercheurs (et pas de Bill Gates…). Les données brutes ont été envoyées par 1 des auteurs de l’étude et, ensuite, les initiateurs de l’étude ont menacé le groupe de chercheurs, les enjoignants à ne pas les rendre publiques. Et il ne s’agit pas de quelques détails.

Et nous cherchons toujours quels sont les fameux pays qui auraient éradiqué la malaria grâce à ces tisanes.

Voilà donc pour la couverture médiatique accordée à cette rétractation.

Quelles conséquences en tirer par rapport au documentaire ?

Ces révélations et ces 2 rétractations sont donc postérieures au film «Malaria Business». Mais cela pose tout de même question par rapport au film lui-même. Et nous ne pouvons faire semblant d’ignorer ce que nous savons désormais.

Quelle crédibilité accorder aux personnes impliquées dans l’étude et dont les propos sont fondamentaux pour le récit du film ? Nous parlons d’une étude scientifique avec une liste de patients fabriquée à coups de copier/coller. Entre autres.

Et le journaliste qui a enquêté ? D’un côté, il prétend avoir mis en évidence de vastes et sombres machinations à l’échelle internationale. D’un autre côté, il n’a rien vu, rien remarqué, rien suspecté, alors que son enquête se déroulait au beau milieu d’une affaire de fraude scientifique grossière. Il s’est souvent exprimé après la sortie du film, mais, à ma connaissance, il ne s’est jamais penché sur cette histoire de données frauduleuses (Suite à des critiques sur Twitter, il a simplement résumé cette affaire en parlant de «lacunes méthodologique»). Quelle crédibilité accorder à cette enquête ?

Et surtout, qu’est-ce que cela nous dit sur le fond du propos, sur ces fameux remèdes ? Nous avons donc 2 tisanes sensées être très efficaces face à la malaria. Mais leurs promoteurs se sentent obliger de publier des études bidonnées pour démontrer leurs dires.

Ce que l’on a encore appris depuis la sortie du film

Cette affaire d’études frauduleuses aurait dû interpeller celles et ceux qui avaient couvert le film d’éloges sans même se questionner sur la véracité du récit. Il n’en a visiblement rien été.

Et il y d’autres éléments postérieurs au film qui s’avèrent particulièrement dérangeants.

Les méthodes d’enquête du réalisateur mises en évidence par «Ceci n’est pas un complot»

Que l’on n’ait pas du tout questionné la qualité de l’enquête à la sortie du film est une chose. On peut se dire que l’Artemisia annua et la malaria ne sont pas des sujets particulièrement connus en Europe et que ni le public ni les professionnels des médias n’étaient très bien informés. L’explication ne me suffit pas, mais admettons.

Depuis, il y a eu un film sur le Covid, sur un sujet qui était au cœur de l’information ici, en Europe (il ne s’agissait plus d’un sujet exotique, pour nous autres Occidentaux, comme la malaria) : «Ceci n’est pas un complot». Et ce film a fait l’objet d’une multitude de «fact-checkings» qui ont mis en évidence les méthodes pour le moins contestables du réalisateur/enquêteur.

Je renvoie le lecteur aux débuts du présent article.

Personne ne s’est demandé si ces mêmes méthodes n’avaient pas déjà été à l’œuvre à l’époque de «Malaria Business» ? Tout le monde a continué à partir du principe qu’il fallait accorder une confiance aveugle à cette enquête ?

Qui est à l’origine de ce film, de cette supposée «enquête» ?

Il ne s’agit pas d’une information franchement nouvelle, mais d’une information qui n’avait pas intéressé grand monde à l’époque. D’où est parti cette enquête ? Qui a eu l’idée de ce film ?

Bernard Crutzen déclarait à l’époque que le projet lui avait été proposé par un autre journaliste, éditeur d’une revue sur la médecine naturelle :

https://www.moustique.be/medias/television/2017/12/28/la-potion-magique-contre-la-malaria-169527

Q : Qu’est ce qui vous a poussé à réaliser ce documentaire?

R : Quand j’ai réalisé Bruxelles sauvage, un ami m’a interpellé à la suite d’une projection en me disant que mon sujet sur les renards qui rentraient dans les maisons était  » gentil  » mais que si je voulais un sujet vraiment costaud et si je n’avais pas froid aux yeux, il avait quelque chose à me proposer. C’est un journaliste qui édite une revue sur la médecine naturelle et il m’a parlé de la réaction de Stromae suite à sa prise de Lariam (un médicament anti-paludique). Il m’a aussi parlé de l’Artemisia.

Q : Proposer un sujet en demandant de ne pas avoir froid aux yeux, c’est interpellant…

R : Il m’a en effet précisé qu’en me lançant sur ce thème, j’allais me frotter à l’industrie pharmaceutique et ce ne sont pas des rigolos. Cela m’a titillé, c’était une espèce de défi et j’ai eu envie de le relever. J’ai d’ailleurs commencé par prendre un pseudonyme et un numéro de téléphone non traçable. J’ai pris beaucoup de précautions mais au final, elles ne se sont pas révélées nécessaires. Elles le sont par contre en Afrique pour les gens qui sont menacés lorsqu’ils font des découvertes. Mais moi en tant que journaliste, je n’ai pas subi de pressions. En tout cas, jusqu’à maintenant.

Le journaliste en question n’est pas nommé dans l’interview. Mais ce journaliste s’est exprimé de son côté. Il s’agit d’Yves Rasir, éditeur de la revue NéoSanté et directeur de la maison d’édition du même nom. Son nom, et celui de sa revue, apparaissent dans le générique de fin du film.

Il en parle dans cette vidéo, sur la chaîne « Le Libre Penseur » (les amateurs de complotisme pur et dur reconnaîtront certains des participants…).

Petite parenthèse : outre les explications d’Yves Rasir sur l’origine du projet, il vaut la peine de bien écouter, dans ce passage vidéo, le témoignage de cette participante à l’émission qui parle de son rapport au film Malaria Business :

«En regardant Malaria Business… Bon, moi y’a pas des années que je suis attentive et que je suis, entre guillemets, ce qu’on peut appeler éveillée… Mais en regardant Malaria Business, y’a pas mal de similitudes et donc de choses qui peuvent faire réfléchir, puisque parfois on peut simplement dire… On dit souvent qu’on peut s’inspirer de l’histoire… Et là, je trouve que ce documentaire, a vraiment quelque chose. Je me suis dit ça vaut la peine de le remettre un peu en lumière…»

À l’époque de la sortie du film, Yves Rasir en avait raconté la genèse dans sa revue :

«Il y a deux ans, à la même époque, je rencontre un ancien camarade de fac, le journaliste et cinéaste belge Bernard Crutzen. Comme il vient de terminer un documentaire animalier et qu’il n’a pas d’autre projet en chantier, je lui suggère de s’intéresser à l’Artemisia et d’en faire le thème de son prochain film. Je l’invite à dîner pour lui résumer le dossier et le convaincre de poursuivre sur écran ce que j’ai ébauché dans les pages de Néosanté. Quelques verres de vin bio plus tard – ça aide toujours de discuter autour d’une bonne bouteille – , il relève le défi et se lance dès le lendemain dans l’aventure. Il faudra de long mois avant qu’il parvienne à monter le projet et à trouver les financements. Il lui faudra aussi plus d’un an et demi de travail et de nombreux voyages (Madagascar, Sénégal, Guyane, Congo, États-Unis…) pour concrétiser ce docu aujourd’hui terminé et intitulé «Malaria business » ( cliquer ici pour voir la bande de lancement ).»

Il semblait enthousiaste vis-à-vis de l’Artemisia depuis un certain temps. Il avait aussi publié un article de Pierre Lutgen sur le sujet.

Mais, après tout, on s’en fiche de savoir qui a eu l’idée ? Non ? Ce qui compte c’est le contenu et sa fiabilité !

Jetons néanmoins à ce profil…

Celles et ceux qui s’intéressent aux complotisme et aux questions de désinformation ont peut-être déjà vu passer ce nom, comme on peut le voir ici et ici.

Il est connu pour diffuser des thèses, disons, «alternatives» sur les questions de santé, assimilant, par exemple, les théories de Pasteur à une forme de charlatanisme. Le mieux serait de se faire une idée en lisant ce qu’il publie dans sa revue :

Ses messages sur les réseaux sociaux sont encore plus éloquents :

En jetant un coup d’œil à ses messages sur Twitter et Facebook j’ai repéré diverses similitudes avec certains contenus que j’avais débunké sur «Ceci n’est pas un complot». Suffisamment de similitudes pour que je ne croie pas à une coïncidence, d’autant moins qu’il s’est beaucoup activé pour encourager les donateurs lorsque le film se faisait, qu’il figure au générique de fin (en tant que donateur) et qu’il s’est encore manifesté en faisant de la pub au film et en soutenant la suite de «Ceci n’est pas un complot». Il semble être une source d’inspiration (je n’ose écrire «d’information») essentielle pour les «enquêtes» de Bernard Crutzen.

En résumé :

  • Fan de Vladimir Poutine
  • Convaincu que l’élection de Joe Biden résulte d’un trucage
  • Climato-négationniste
  • Antivax
  • Nie la pandémie de Covid
  • Repartage les pires sites de désinformation (Le Libre Penseur, Wikistrike, SOTT, etc.)
  • Nie l’origine virale du SIDA
  • Propage le hoax selon lequel Brigitte Macron serait un travesti etc

Nous parlons ici de complotisme pur et dur. Et donc, cet homme a été l’initiateur du projet qui allait aboutir à «Malaria Business». Et Bernard Crutzen a ensuite obtenu le soutien financier de la RTBF et de France Télévision pour réaliser le film. Et le tout a ensuite été diffusé et couvert d’éloges et de récompenses, sans que personne ne se questionne sur le fond de l’affaire.

Que s’est-il passé sur le front de la malaria depuis ? Ces tisanes ont-elles montré leur efficacité digne d’une potion magique ?

Les médias qui avaient contribué à la promotion du film et de ses thèses ont-ils suivi l’actualité sur la malaria ? A-t-on observé, par exemple, un recul de la malaria là où les politiciens locaux ont encouragé les thèses en question ?

Et on sait que certains pays ont réussi à faire reculer la malaria, voire à l’éradiquer. Ça été le cas de la Chine par exemple. La Chine, le pays d’où est sensé être partie cette histoire de tisanes. Est-ce que les tisanes en question ont joué un rôle dans ces succès ? J’ai consulté des médias occidentaux, des médias chinois, des sites officiels chinois, le site de l’OMS… Je n’ai pas trouvé de mention de ces fameuses tisanes à l’efficacité digne d’une potion magique.

La tisane d’Artemisia : panacée susceptible de soigner tous les maux ?

Ces tisanes ont donc été présentées comme des remèdes susceptibles d’éradiquer la malaria.

Mais elles sont aussi sensée être efficaces contre la bilharziose, nous l’avons vu.

Et contre le Covid-19 aussi.

Et si on fouille dans les déclarations de ces divers promoteurs, on va découvrir que c’est aussi un remède contre les rhumatismes, le diabète, la tuberculose, le cancer, le Lyme chronique, etc.

Je ne suis pas médecin. Mais il me semble que c’est un gros signal d’alarme lors qu’1 remède nous est présenté comme une sorte de panacée, efficace contre la moitié des maux répertoriés dans les encyclopédies médicales.

En conclusion ? Un désastre journalistique

Les mots sont durs. Mais cette affaire est un désastre.

De simples vérifications que personnes n’a effectuées : la plupart des médias ont oublié la notion d’information !

Quel travail a été effectué sur le fond, sur la qualité des informations diffusées ?

Pour rédiger le présent document, j’ai bien-sûr passé du temps. Mais il m’a suffit au départ de brèves recherches sur certains points pour constater rapidement que certaines choses ne jouaient pas du tout. Et je ne suis ni chercheur, ni journaliste.

Or, pas grand monde ne s’est préoccupé dans cette affaire de ce qui devrait être la matière de base dans le journalisme : l’information.

Parmi les articles que j’ai lus, j’ai repéré parfois des informations erronées qui montraient que les journalistes n’avaient même pas passé 3 minutes chercher à s’informer vaguement sur le sujet qu’ils abordaient (ne serait-ce qu’en parcourant Wikipedia à la va-vite).

Je donne en exemple cet article de la RTBF, rédigé en été 2020, au moment où le président malgache vantait son remède contre le Covid à base d’Artémisia. L’auteure de l’article revient sur les propriétés de l’Artémisia contre la malaria :

L’Artemisia depuis des millénaires dans la pharmacopée chinoise et utilisée pendant la guerre du Vietnam par les troupes d’Ho Chi Minh contre le paludisme.

Ses vertus sont connues depuis longtemps. L’artémisia annua ou armoise annuelle fait partie de la pharmacopée traditionnelle chinoise depuis 2000 ans. Mais elle fera surtout parler d’elle durant la guerre du Vietnam.

A l’époque, les autorités nord-vietnamiennes font appel à la Chine pour combattre le paludisme qui décime leurs soldats. Pékin propose d’envoyer l’Artemisia annua. Alors que les GI américains combattent le paludisme avec la quinine. Les soldats d’Ho Chi Minh se soignent à l’artemisia.

En 2015, la pharmacologue chinoise Tu Youyou, attachée à l’Académie chinoise de médecine traditionnelle réussit à identifier et à extraire l’artémisinine et ses dérivés qui constituent aujourd’hui la base des traitements antipaludéens. En 2015, elle recevra le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le traitement du paludisme.

On remarquera une grossière erreur sur les dates concernant la pharmacologue chinoise Tu Youyou. Elle a bel et bien reçu le Prix Nobel en 2015, mais c’est dans les années 70 que Tu Youyou et son équipe avaient isolé et identifié la molécule d’artémisinine. Et on remarquera surtout que tout le récit sur la guerre du Vietnam et la malaria est complètement faux. Ce n’est qu’une reprise telle quelle du récit diffusé dans le documentaire (Bernard Crutzen, est par ailleurs interviewé dans l’article). Quelques minutes de recherche sur le web auraient pourtant suffit à la journaliste pour se rendre compte que ce récit ne tenait pas la route. Elle n’a visiblement pas pas pris ces quelques minutes.

Cet article n’a rien d’exceptionnel. Il illustre au contraire l’attitude dominante dans les médias face à ce documentaire et à cette histoire de tisanes anti-malaria : 0 travail de vérification.

Un documentaire présenté comme exemplaire

Nous ne parlons pas ici d’un obscur blog ou d’un de ces sites mal-famés comme SOTT, FranceSoir ou Wikistrike. Nous parlons d’un documentaire largement diffusé, co-produit par la RTBF, soutenu par France Télévision, couvert d’éloges et de prix, proposé (jusqu’à il y a peu) sur une plateforme destinées au monde de l’éducation, etc.

Quelle place pour l’information rigoureuse ? Aucune, ou presque.

Des médecins, des chercheurs et des journalistes scientifiques ont bien essayé de se faire entendre (si ce n’est sur le film lui-même, du moins sur le sujet de ces fameuses tisanes) : ici un article dans une revue médicale, là un autre article dans un magazine de vulgarisation, là-bas quelques threads sur Twitter.

Mais qu’a pesé leurs voix face à ce rouleau compresseur médiatique ? Un documentaire réalisé avec des moyens professionnels, diffusé et rediffusé sur des grandes chaînes et présent sur divers sites webs. Des articles élogieux dans Le Figaro, L’Obs, La Libre, etc. Une projection à l’Assemblée Nationale française. Une promotion au rang de matériel pédagogique, sur une plateforme partenaire de l’Éducation Nationale en France. Divers prix, dont un attribué au nom de Reporters Sans Frontières. Et diverses projections dans le cadre de projets sensés avoir une visée humanitaire. En plus de toutes les prises de parole médiatique accordées à certains protagonistes du film pour diffuser leurs thèses sur ces tisanes…

Quel suivi de l’information sur la durée ?

J’insiste aussi une absence de suivi de l’information sur le moyen et long terme. Il y a eu un buzz. Et aucun suivi derrière.

L’affaire des études frauduleuses est à ce titre exemplaire. Ces études vantées dans le documentaire, évoquées de multiples fois dans des grands journaux et sur des plateaux TV… Quel contraste avec le silence quasi absolu qui a accompagné l’annonce leur rétractation !

Et des années après que l’on ait co-produit et diffusé cette histoire de remède quasi miraculeux sensé éradiquer la malaria, est-ce que quelqu’un s’est demandé ce qu’étaient devenues ces promesses ? A-t-on vu un début d’éradication de la maladie grâce à ces 2 tisanes ?

Un impact certain sur l’infodémie liée au Covid

Quand la pandémie de Covid-19 nous a touchés, nombreux sont ceux qui se sont émus de l’«infodémie», cette épidémie de fausses informations. Les mécanismes de cette infodémie, les conditions pour la favoriser, étaient pourtant là de longue date.

Le récit d’un vaste complot impliquant la quasi totalité du monde de la recherche et des autorités de santé, pour mentir à la population et la priver d’un remède aussi simple qu’efficace, complot ourdi par le lobby des pharmas, avec la participation de Bill Gates, a choqué beaucoup de monde dans le cadre du Covid-19. Un récit quasiment identique était pourtant présent au sujet de la malaria, sans que ça n’émeuve grand monde. Mieux : ce récit a été financé et promu par les services publics belge et français et propagé, sans aucun recul ni questionnement, par nombre de grands médias et d’institutions publiques.

Et je l’ai évoqué précédemment : de remède miracle anti-malaria, ces tisanes sont devenues des remèdes miracle anti-covid. Et il est difficile d’en mesurer précisément les conséquences, mais elles semblent funestes.

Le film documentaire est-il soumis aux exigences usuelles du journalisme ?

Si je pose cette question, il est probable que tout le monde me répondra que oui, que les règles de déontologie journalistiques s’appliquent aussi dans le cadre des documentaires. C’est la théorie.

D’ailleurs, à la sortie de «Ceci n’est pas un complot», la question avait été explicitement posée en Belgique, et l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) avait été assez claire :

«L’AJP précise que Bernard Crutzen est agréé au titre de journaliste professionnel et donc soumis aux règles de déontologie. “Il ne peut s’exonérer de leur respect parce qu’il s’agirait d’un documentaire.”»

Mais dans les faits ? Je prends l’exemple du code de déontologie des journalistes belges francophones et j’en cite quelques passages :

«Les journalistes recherchent et respectent la vérité en raison du droit du public à connaître celle-ci. Ils ne diffusent que des informations dont l’origine leur est connue. Ils en vérifient la véracité et les rapportent avec honnêteté.»

«Les journalistes ne déforment aucune information et n’en éliminent aucune essentielle présentée en texte, image, élément sonore ou autre. Lors de la retranscription d’interviews, ils respectent le sens et l’esprit des propos tenus.»

«L’urgence ne dispense pas les journalistes de citer (cfr art. 1) et/ou de vérifier leurs sources, ni de mener une enquête sérieuse. Les journalistes observent la plus grande prudence dans la manière de diffuser l’information et évitent toute approximation»

«Les rédactions rectifient explicitement et rapidement les faits erronés qu’elles ont diffusés.»

«Toute scénarisation doit être au service de la clarification de l’information.»

Le film Malaria Business ne respecte clairement pas les règles ci-dessus. Mais il semble que, en plus, ni le service public belge, ni le service public français, ni les divers journaux qui ont chroniqué le film, ni même une ONG comme Reporters Sans Frontières (qui a primé le film) n’ont tenu compte de ce genre de règles au moment d’évaluer la qualité du film.

Je citais au départ les propos du réalisateur lorsqu’il parlait de «Ceci n’est pas un complot» sur la WebTV d’une secte suisse  (KlaTV) :

«Moi, je suis plutôt un réalisateur de documentaires et j’ai une approche un peu plus imagée, je vais dire. Donc, j’aime bien faire des films qui sont agréables à regarder, donc je mets beaucoup d’attention sur le fait que la musique soit chouette, que ce soit joli à regarder, qu’on soit entraîné. En fait, je prends en gros, je chemine un peu avec les spectateurs, je les prends avec moi, parce que je crois que je suis quelqu’un d’assez « lambda ». Enfin je veux dire que je ressemble aux gens que je fréquente et donc ils s’identifient peut-être à moi et donc dans les questions que je me pose. Mais je ne suis pas un journaliste pointu, je n’ai pas les moyens d’aller fouiller, etc»

J’avais montré cet extrait sur Twitter et certaines personnes s’étaient moquées de ces propos. J’ai pourtant l’impression que ce sont bien là les critères qui ont compté aux yeux des institutions et des médias dans cette histoire de tisanes et de malaria : «que la musique soit chouette, que ce soit joli à regarder, qu’on soit entraîné». La question de la véracité n’a eu aucune importance.

Et maintenant ?

Je ne sais pas très bien que faire avec ça. Les médias et les institutions diverses qui ont contribué à ce film ou qui en ont diffusé les thèses devraient se questionner, vérifier la véracité du contenu (j’insiste sur le fait que je ne demande pas à être cru sur parole) et entreprendre des actions correctives. En l’état, j’estime que des lecteurs et des spectateurs ont été trompés et que rien n’a été fait pour rectifier.

Je rappelle enfin que le film est toujours proposé sur le site de France 24 (en version courte) et que celui ou celle qui chercherait à s’informer sur le sujet ne trouverait pratiquement rien d’autre que des critiques très élogieuses du film, prenant son propos pour argent comptant.

Et je crains que ce film ne soit représentatif d’une problématique plus large. D’autres que moi ont dénoncé la diffusion de documentaires peu soucieux de véracité sur des grandes chaînes de télévision, des documentaires sensationnalistes dont les révélations ne résistent pas à un examen sommaire. Et, parallèlement, ces mêmes grandes chaînes semblent se préoccuper du succès des récits complotistes et mettent sur pied des rubriques de fact-checking pour lutter contre la désinformation… Sans se questionner sur leur propre contribution aux phénomènes qu’elles dénoncent.

Pour moi, tout ceci va donc bien plus loin que le cas de ce film à prétention documentaire : des révélations tonitruantes basées sur des informations douteuses, des grands experts dont l’expertise n’est reconnue que sur les plateaux TV, des enquêtes menées par des professionnels dont les conclusions peuvent être démolies par n’importe quel quidam qui se livrerait à des vérifications basiques, etc.

On ne peut pas continuer à dénoncer la désinformation et le complotisme comme si ces phénomènes se cantonnaient à des comptes Facebook ou Twitter et à quelques sites web obscurs. La question de la responsabilité et du devoir d’exemplarité des grands médias et de diverses institutions doit être posée.

Grompf


3 réponses à “À propos du film «Malaria Business» et de sa couverture médiatique”

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